Complainte

[renée jeanne mignard]

Complainte

A la fin de l'avril, jolie touffe muguet,
Lasse d’avoir les pieds dans le même sabot,
Sortit de son logis et quitta la forêt,
Pour aller voir ailleurs si le monde était beau.

Elle partit tout droit, ne se retourna pas.
Fredonnant doucement, ou chantant de bon cœur,
Appuyée sur sa crosse, elle allait d’un bon pas,
Les kilomètres, vrai, ne lui faisaient pas peur.

Je remercie le ciel d’être toujours vivante,
Se dit-elle soudain, après quelques couplets.
J’ai eu très peur de l’homme et de sa main méchante.
Il nous tue sans remords, pour faire des bouquets.

Son grand pied maladroit nous presse, nous écrase.
Nous connaissons l’enfer, où la mort nous conduit
Car nous nous retrouvons dans l’eau d’un petit vase,
Sur un marbre, un buffet, une table de nuit.

C’est un cruel destin que le ciel nous impose.
Je sais bien qu’il en est ainsi de chaque fleur,
Mais nous avons en plus un petit quelque chose,
Est-il vrai, dites-moi, que nous portons bonheur?

Alors c’est pour cela, Monsieur, que tu nous cueilles,
Que tu nous vends partout le premier jour de mai.
Nos clochettes parfum, dans leur écrin de feuilles,
Vont t’apporter l’espoir, et tout ce qu’il promet.

Si c’est bien pour cela que nous venons au monde,
Mieux vaut m’en retourner, regagner la maison,
M’endormir dès demain dans la forêt profonde,
Et grandir bien cachée, jusqu’à la floraison.

Fière comme jamais de ma toilette neuve,
Quand un petit enfant s’approchera de moi,
Oubliant ma douleur, stoïque dans l’épreuve,
Je lui dirai tout bas : je suis là, cueille- moi

[lea]

Trés joli conte du muguet

Iic, il est auprés de son muret, balaçant ses clochettes scintillantes de gouttelettes d'eau

Merci pour ces versets.

[zabette]

joli muguet parfumé inspire les poètes

[Marmotton]

Merci Renée Jeanne de nous évader à travers les mots si bien choisis pour nous conter le muguet =D> =D> =D>

Cordialement,