Mettre les plantes invasives à l’index
Posté : jeu. 28 avr. 2011, 09:12
Leur commercialisation pose problème. Dès juin en Belgique, un projet invitera les horticulteurs à ne plus vendre ou planter certaines espèces.
Renouée du Japon, Balsamine de l’Himalaya, Berce du Caucase, Arbre à papillons. Toutes ces plantes sont dites "invasives" car elles se dispersent facilement, grandissent très vite et prolifèrent dans la nature de manière incontrôlable, au détriment des espèces indigènes. Or, la plupart d’entre elles sont des plantes ornementales commercialisées et présentes dans de nombreux parcs et jardins.
Mathieu Halford est le coordinateur du projet AlterIAS (Alternatives aux Invasive Alien Species), piloté par l’Unité Biodiversité&Paysage de l’Université de Liège-Gembloux Agro-Bio Tech. Sur les rails depuis l’an dernier, ce projet qui a pour but de sensibiliser le grand public et le secteur horticole, aux risques que représentent ces végétaux envahissants s’inscrit dans le cadre du programme européen Life (par lequel l’UE cofinance des projets de conservation de la nature).
"Nous avons procédé à une importante consultation du secteur horticole wallon, flamand et bruxellois, et nous nous sommes mis d’accord sur une liste commune d’espèces invasives à retirer du marché", explique l’intéressé. Cela n’a pas été sans mal car certaines plantes ont bien entendu une valeur économique importante pour les professionnels Dès le mois de juin, les services publics responsables des plantations, les horticulteurs, les entrepreneurs de parcs et jardins et autres architectes paysagistes seront invités à signer un code de bonne conduite sur les plantes ornementales invasives.
Tous les professionnels désireux de faire un geste pour l’environnement pourront adhérer à ce code et s’engager volontairement à adopter diverses mesures, comme connaître la liste de toutes les espèces invasives, diffuser de l’information sur la problématique à leur clientèle et, surtout, retirer certaines espèces du commerce ou ne plus les planter. Des végétaux alternatifs, qui remplissent les mêmes fonctions ornementales, seront également proposés. Ce code de bonne conduite est une première en Belgique, mais existe déjà dans d’autres pays comme les Pays-Bas ou les Etats-Unis. En l’absence de législation sur le commerce, l’importation ou la plantation des espèces invasives, il constitue une alternative pour tenter de réguler le problème à travers la sensibilisation et la responsabilisation. En effet, comme l’explique M. Halford, "à l’heure actuelle, aucune législation n’est d’application et chacun vend ce qu’il veut".
De manière globale, note-t-il, "les espèces envahissantes sont peu connues en dehors du milieu scientifique. On continue donc à les utiliser sans se rendre compte des risques pour l’environnement". Une autre campagne du projet AletrIAS vise donc simplement à faire connaître la problématique via des dépliants, un site internet ou encore un documentaire qui est en préparation.
Il est important de préciser que toutes les plantes exotiques ne sont pas invasives, mais seulement une petite proportion. De plus, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une plante invasive peut très bien ne poser aucun problème au jardin, mais s’étendre de manière considérable dans un environnement naturel. Ainsi, les graines d’un "arbre à papillon", transportées par le vent, donnent naissance à des dizaines de Buddleja dans les terrains vagues, les bords des voies ferrées, etc. qui constituent des milieux de prédilection pour cette espèce.
"D’autres plantes sont plus problématiques car elles colonisent des milieux rares et sensibles", poursuit notre interlocuteur, citant le cas du Cotonéaster horizontal (un couvre-sol à baies rouges très présent dans les espaces publics) qui se plaît à merveille dans les pelouses calcicoles, un milieu protégé comptant entre autres des orchidées. "Une fois en place, les invasives vont dominer la végétation et entraîner la diminution de la diversité des autres espèces présentes. Les végétaux fournissant le gîte et le couvert pour la faune, la diminution de certaines plantes peut avoir des répercussions sur les espèces animales, comme la faune du sol, les insectes butineurs et les oiseaux". Les conditions du sol peuvent également être modifiées ou la génétique des populations perturbée, par exemple lorsqu’une espèce exotique se croise avec une espèce indigène.
Pour éviter tous ces désagréments, une solution consiste à gérer les populations envahissantes qui ont colonisé un milieu naturel, en les coupant, en les arrachant ou parfois même par traitement chimique. "Mais la gestion est souvent difficile et représente un coût énorme pour la société", juge Mathieu Halford. Une autre approche, sur laquelle se base le projet AlterIAS, privilégie la prévention. Elle consiste à limiter les introductions de ces espèces avant qu’elles ne s’installent dans la nature. Dans cette philosophie, une troisième et dernière campagne vise donc à sensibiliser les étudiants en horticulture à la problématique des plantes invasives par le biais d’un cours. Parce que, dans un futur proche, ce sont ces derniers qui commercialiseront, ou ne commercialiseront plus, les espèces mettant à mal la biodiversité.
Source : lesoir
Renouée du Japon, Balsamine de l’Himalaya, Berce du Caucase, Arbre à papillons. Toutes ces plantes sont dites "invasives" car elles se dispersent facilement, grandissent très vite et prolifèrent dans la nature de manière incontrôlable, au détriment des espèces indigènes. Or, la plupart d’entre elles sont des plantes ornementales commercialisées et présentes dans de nombreux parcs et jardins.
Mathieu Halford est le coordinateur du projet AlterIAS (Alternatives aux Invasive Alien Species), piloté par l’Unité Biodiversité&Paysage de l’Université de Liège-Gembloux Agro-Bio Tech. Sur les rails depuis l’an dernier, ce projet qui a pour but de sensibiliser le grand public et le secteur horticole, aux risques que représentent ces végétaux envahissants s’inscrit dans le cadre du programme européen Life (par lequel l’UE cofinance des projets de conservation de la nature).
"Nous avons procédé à une importante consultation du secteur horticole wallon, flamand et bruxellois, et nous nous sommes mis d’accord sur une liste commune d’espèces invasives à retirer du marché", explique l’intéressé. Cela n’a pas été sans mal car certaines plantes ont bien entendu une valeur économique importante pour les professionnels Dès le mois de juin, les services publics responsables des plantations, les horticulteurs, les entrepreneurs de parcs et jardins et autres architectes paysagistes seront invités à signer un code de bonne conduite sur les plantes ornementales invasives.
Tous les professionnels désireux de faire un geste pour l’environnement pourront adhérer à ce code et s’engager volontairement à adopter diverses mesures, comme connaître la liste de toutes les espèces invasives, diffuser de l’information sur la problématique à leur clientèle et, surtout, retirer certaines espèces du commerce ou ne plus les planter. Des végétaux alternatifs, qui remplissent les mêmes fonctions ornementales, seront également proposés. Ce code de bonne conduite est une première en Belgique, mais existe déjà dans d’autres pays comme les Pays-Bas ou les Etats-Unis. En l’absence de législation sur le commerce, l’importation ou la plantation des espèces invasives, il constitue une alternative pour tenter de réguler le problème à travers la sensibilisation et la responsabilisation. En effet, comme l’explique M. Halford, "à l’heure actuelle, aucune législation n’est d’application et chacun vend ce qu’il veut".
De manière globale, note-t-il, "les espèces envahissantes sont peu connues en dehors du milieu scientifique. On continue donc à les utiliser sans se rendre compte des risques pour l’environnement". Une autre campagne du projet AletrIAS vise donc simplement à faire connaître la problématique via des dépliants, un site internet ou encore un documentaire qui est en préparation.
Il est important de préciser que toutes les plantes exotiques ne sont pas invasives, mais seulement une petite proportion. De plus, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une plante invasive peut très bien ne poser aucun problème au jardin, mais s’étendre de manière considérable dans un environnement naturel. Ainsi, les graines d’un "arbre à papillon", transportées par le vent, donnent naissance à des dizaines de Buddleja dans les terrains vagues, les bords des voies ferrées, etc. qui constituent des milieux de prédilection pour cette espèce.
"D’autres plantes sont plus problématiques car elles colonisent des milieux rares et sensibles", poursuit notre interlocuteur, citant le cas du Cotonéaster horizontal (un couvre-sol à baies rouges très présent dans les espaces publics) qui se plaît à merveille dans les pelouses calcicoles, un milieu protégé comptant entre autres des orchidées. "Une fois en place, les invasives vont dominer la végétation et entraîner la diminution de la diversité des autres espèces présentes. Les végétaux fournissant le gîte et le couvert pour la faune, la diminution de certaines plantes peut avoir des répercussions sur les espèces animales, comme la faune du sol, les insectes butineurs et les oiseaux". Les conditions du sol peuvent également être modifiées ou la génétique des populations perturbée, par exemple lorsqu’une espèce exotique se croise avec une espèce indigène.
Pour éviter tous ces désagréments, une solution consiste à gérer les populations envahissantes qui ont colonisé un milieu naturel, en les coupant, en les arrachant ou parfois même par traitement chimique. "Mais la gestion est souvent difficile et représente un coût énorme pour la société", juge Mathieu Halford. Une autre approche, sur laquelle se base le projet AlterIAS, privilégie la prévention. Elle consiste à limiter les introductions de ces espèces avant qu’elles ne s’installent dans la nature. Dans cette philosophie, une troisième et dernière campagne vise donc à sensibiliser les étudiants en horticulture à la problématique des plantes invasives par le biais d’un cours. Parce que, dans un futur proche, ce sont ces derniers qui commercialiseront, ou ne commercialiseront plus, les espèces mettant à mal la biodiversité.
Source : lesoir