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La tonte raisonnée ou différenciée : un challenge pour favoriser la biodiversité
Et si l'on commençait par une définition simple et compréhensible ?
La tonte différentiée ou raisonnée est l'action de laisser une partie de la pelouse à l'état sauvage afin de
favoriser la biodiversité.
La technique est simple et efficace, il suffit de laisser faire la Nature et d'adopter une tonte plus durable et raisonnée. Il faut savoir que les écosystèmes sont dans un
drôle d'état et tout bon jardinier se doit de restaurer sans tarder la biodiversité qui déserte les pelouses bien tondues et sans mauvaises herbes.
Le rôle du jardinier n'est-il pas de s'interroger sur la manière de gérer un jardin ?
Avec ce dossier , nous vous invitons à découvrir une autre façon de gérer la tonte au
jardin.
Depuis des lustres, la tentation est grande de tondre très court ! C'est pourtant une erreur.
Et si l'on gardait des zones non tondues au jardin en plus de tondre moins court ?
Il faut savoir que la prairie et les zones enherbées sont des lieux de vie pour de nombreuses espèces animales. En effet, on y retrouve notamment les auxiliaires du jardinier, une aide précieuse pour lutter contre les ravageurs.
Savez-vous aussi que ramasser l'herbe coupée est une perte d'humus et de nourriture importante pour la vie du sol ? Bien sûr, cette perte peut être compensée par l'apport d'engrais chimique, mais c'est très dommageable aussi bien pour la biodiversité que pour vos finances.
La prairie permet à chaque type de plante qui la compose de développer leurs réseaux racinaires. L'eau de pluie s'infiltre mieux dans le sol. Tandis que les gazons (herbe bien tondue) exposent les sols à la battance de la pluie et à l'érosion.
Les tontes répétées sont très énergivores. Pensez au temps consacré à la tonte, à la consommation d'énergies fossiles qui forcément ont un coût.
Une tonte drastique entraîne la disparition de fleurs sauvages. C'est forcément une perte importante de nourriture pour de nombreux insectes. Les pollinisateurs et les ravageurs sont eux-mêmes une source de nourriture pour leurs prédateurs (oiseaux, chauve-souris,
etc).
Dans une zone laissée libre, on trouve un cortège d'une grande diversité de plantes différentes. On y retrouve des plantes de familles, de genres et d'espèces différentes (rares pour certaines). Alors qu'une pelouse est une monoculture de graminées.
La prairie stocke le CO2 lorsque le gazon, du fait des tontes régulières, le relâche.
Les herbes hautes protègent le sol et le vivant des rayons directs du soleil. Tandis que le gazon tondu court l'expose aux UV.
Sans parler bien évidemment du bruit et de l'odeur (pollution auditive et olfactive) dégagés par les tondeuses thermiques.
Comment appliquer la tonte différenciée ?
La gestion différenciée consiste à adapter la hauteur et la fréquence des tontes dans les différentes zones du jardin. Quelle que soit la taille de votre jardin, il est possible de pratiquer une tonte raisonnée.
Dans un petit jardin
Vous pouvez laisser 2 ou 3 m2, une bordure, le pied des arbres et arbustes en végétation spontanée.
Vous pouvez aussi rendre attrayant ces petits bouts de jardin en plantant des bulbes à l'automne ! Ils fleuriront le printemps suivant : perce-neige, crocus, tulipes botaniques ou multiflores, scilles et tant d'autres. Semer des mélanges fleuri est un régal pour
les abeilles et les papillons.
Un petit monde végétal se naturalisera pour nous donner chaque année encore plus de fleurs.
Dans un grand jardin
La tonte des allées de cheminement marque visuellement les différents espaces. Elle lui donne un aspect esthétique et entretenu, tout en maintenant des zones plus chevelues, véritables réservoirs de biodiversité tant végétales qu'animales. Dans les zones tondues, laissez les
déchets de tonte au sol afin qu'ils s'y décomposent et qu'ils fertilisent le sol.
Si vous n'aimez pas les déchets de tonte, laissez-les sécher pendant 24h et ensuite, utilisez-les pour couvrir
le potager ou les massifs de fleurs. Faites des couches pas trop épaisses, ou bien mettez-les à composter en mélange avec des matières brunes et sèches.
Certaines zones peuvent également ne plus être tondues mais, simplement fauchées une ou deux fois par an. Ce sont des zones où l'on ne va que très peu, comme un verger que l'on fauchera une fois au printemps, au moment de la floraison des fruitiers. Ainsi, les pollinisateurs se concentrent sur les arbres et pas sur les fleurs sauvages.
On peut faucher une deuxième fois au moment de la récolte des fruits afin de faciliter les accès et le travail. D'autres espaces méritent d'être laissés en totale liberté. Dans ce cas, une fauche tous les deux, trois ans ou plus suffit. C'est idéal en bordures de haies et dans le fond du jardin.
Quid de la faune et des auxiliaires ?
Ces herbes, ces fleurs, attirent tout un monde d'insectes comme des papillons. Ils viendront pondre sur les graminées dont leurs chenilles se nourriront jusqu'au moment de leur chrysalide.
Les coccinelles passent l'hiver à l'abri des herbes hautes. Au printemps, elles iront pondre sur les plantes attaquées par les pucerons comme vos rosiers ! Et quand on sait qu'une coccinelle peut pondre entre 50 et 400 œufs et qu'une seule larve peut dévorer à elle seule jusqu'à 9000 pucerons sur son cycle de trois semaines, on comprend d'un seul coup tout l'intérêt de la tonte différenciée, même pour un petit jardin.
Et si l'on pratiquait la tonte différenciée dans les espaces verts des communes, dans les parcs et jardins accessibles au public ?
Petite précision, il ne s'agit pas de ne plus entretenir mais d'entretenir différemment !
En effet, ce dispositif consiste à faucher tardivement pour laisser le temps à la nature, aux herbes de monter en graines, et ainsi adopter un mode de gestion plus respectueux de l’environnement. Il suffit de se souvenir du retour des insectes, hérissons et oiseaux pendant le premier confinement pour comprendre l’intérêt de cette méthode.
Moins d’entretien signifie moins de pollution due aux machines. Les économies ne sont pas négligeables pour le budget de la commune : moins de consommation de gasoil pour les tondeuses, moins d’usure du matériel de tonte et de fauchage, et une baisse du coût de l’évacuation des déchets verts.
Le fauchage tardif en bord de route
Limiter le nombre de fauchage à un seul passage annuel, et le réaliser en fin de saison, permet aux plantes de croître, fleurir et fructifier. Les fleurs vont attirer une quantité impressionnante d'insectes butineurs à la recherche de pollen et de nectar. Ils féconderont les fleurs qui produiront les graines utiles au renouvellement de l'espèce mais aussi pour toutes les espèces animales granivores. Le couvert végétal sera un endroit de quiétude pour beaucoup d'animaux qui s'y reproduiront. Ainsi, un bord de route en fauchage tardif offre bien plus de services à la nature qu'un bord de route fauché trop tôt ou trop souvent.
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